Marie Papillon

la femme à l'envers

la femme à l'envers revient en arrière chrysalide suspendue

la femme à l'envers a la peau lisse en-dessous sa fourrure

apparaît la nuit la gueule fourrée dans la laine des brebis

ou bien n'est-ce qu'une idée reçue par la poste ?

les lainages en poils de loups combien de fourches les ont tressés ?

combien de museaux et de paires d'yeux esseulés ?

la femme à l'envers vit tête-bêche les cheveux plantés dans la terre

enfin sur les bras elle tient à l'équilibre

sur de petites graines et de petits ruisseaux

c'est la mort qui joue aux osselets avec ses os

avant que l'air qu'elle respire ne lui redonne chair

un peu par-ci un peu par-là

alors qu'elle avale un morceau de mousse une poussière

pendant la course du pêcheur qui s'est enfui à sa vue

et qui la traîne encore accrochée à son fil de nylon

s'endort dans sa hutte elle est accrochée au plafond

rêve dans son sommeil les larmes de son rêve

qui se réalise

dès que la femme à l'envers les a bues

ainsi vont les cycles iroquois

qui remettent la femme à l'endroit