Marie Papillon

hier

Hier, A. me dit qu'on est quelqu'un en-dehors de ses parents. Que la vie c'est aussi ça. Moi je ne les vois presque plus, mes parents. Rarement. Mais je n'ai pas passé cette marche, celle où je suis autre chose que leur fille. Je ne crois pas. Tout me ramène sans cesse à qui j'étais enfant. Oui j'ai évolué. Mais c'est une même boucle, un même lacet. La même chambre où je dors seule, le même mal de ventre parce que je n'ai pas pu me retenir de trop manger. Sauf qu'ils ne viennent plus m'embrasser pour me dire bonne nuit. Je ne sais pas si j'ai hâte de ne plus être la fille de mes parents. Je ne crois pas du tout. Mais j'aimerais bien être autre chose. Et ne plus avoir mal au ventre. Avoir le petit bouton qui peut éteindre la fonction : sentiment de solitude = manger. Juste un petit bouton, "click", et c'est fini, ça ne se rallume plus jamais.